Vous avez dit sécheresse ?
Voici ce qu’on peut lire sur la dernière page du registre paroissial de Saint Germain sur Moine en 1719 :
« Dans cette Année mil sept cent dix neuf les Chaleurs aiant commencé dès la fin d’Avril & aiant toujours continué d’une Manière excessive sans quil soit presque tombé de pluye jusque dans le mois de septembre, la terre est devenüe si seche & si aride que presque tous les puits sont taris, & les fosses & reservoirs deséchés, de sorte que toutes sortes de Bêtes allants boire dans ce peu d’eau qui se trouvait par endroits L’ont fait corrompre ; ce qui a causé tant de peine que Les Metayers éloignés ont été obligés de mener à L’étang querir de Leau en bariques avec des charettes pour abbreuver Les Bestiaux, aussi bien qu’a La Rivière ; mais toutes ces eaux qui etaient en petite quantité en particulier dans ces etangs de la foye ont été bientost corrompües par la grand nombre de bestiaux qui y abondaient, joint à cela les Lessives qu’on y Lavait ; d’où vient que la dysenterie s’étant Mise dans le pays Meslée de pourpre, s’est communiquée si facilement qu’il y a eü peu de familles qui n’en aye eté affligées & dont la plus part ne soient morts ; car comme on ne traitait que pour la dissenterie et point du tout malheurement pour le pourpre, peu de malades en sont revenu . chose triste & pitoyable à entendre & encore plus à voir ; car outre que personne ne voulait soulager les Malades, c’est que personne ne se trouvait pour porter les Corps les uns de chéz les autres, et cela à duré depuis la fin de juillet aoust, septembre, octobre, d’une manière surprenantes, & ensuite s’est appaisé doucement jusqu’à la fin de L’année, que ces Maladies par la Grace de dieu ont finy, il est aysé de voir par là qu’on a été obligé d’aiouter du papier à ce livre de registre, puisqu’il est tant mort de personne que L’on enterrait jusqu’à cinq & six par jour & L’on peut dire à La Louange de Monsieur le Jeune Recteur & de Monsieur Thibaud vicaire que leur zêle s’est fait eclater d’une manière toute particuliere à visiter tous ces malades jour et nuit sans cesse à administres les sacrements, & Leur charité à Les soulager & à Leurs subvenir dans Leur necessité. »
Il y eut cette année-là 120 enterrements !
Texte déniché par Monique Métayer.