Fête : 24 octobre, saint Martin de Vertou
Saint Martin de Vertou, digne émule de saint Martin de Tours, était issu d’une famille très riche et très illustre de Nantes. Son père passe pour avoir été seigneur de Rezé, localité alors assez considérable des bords de la Loire, et sa mère d’une des grandes maisons d’Aquitaine. Tout adonné à la piété dès son enfance, il se sentit, jeune encore, attiré au service des saints autels. Au Ve siècle, St Félix l’Évêque de Nantes l’ordonna diacre et l’envoya évangéliser les populations du sud de la Loire.
Il y avait, aux environs de la mer, une ville nommée Herbauges, dont il est difficile aujourd’hui de préciser l’emplacement. Ni l’éloquence, ni les prières, ni les vertus de l’apôtre, ne purent gagner cette nouvelle Sodome; il s’enfuit avec une famille (Romain, sa femme et son fils Pierre), qui avait seule écouté sa parole et pria Dieu de punir la cité coupable. Bientôt, à sa prière, la terre s’entrouvrit, les monuments et les maisons s’écroulèrent; et la mer furieuse, se précipitant sur ces ruines, engloutit la ville avec ses habitants, sans en laisser de trace. La ville d’Herbauges, si florissante, si fière de ses richesses, si attachée à ses idoles, si tenace à faire entre elle et les chrétiens du dehors une espèce de cordon sanitaire qui la préserva de leurs exemples et de l’invasion de la doctrine évangélique, disparut, engloutie sous les eaux de son lac, sans laisser nulle trace de son existence, et perdant jusqu’à son nom, que nul géographe n’a conservé, qu’aucune carte ne désigne plus, tout en laissant autour de ses ruines introuvables un pays entier qui le porte encore et qui témoigne de la terrible vérité.
Lors de sa mission d’évangélisation de la ville d’Herbauges, on lui attribue la construction du premier pont sur l’Ognon. Son passage est également à l’origine de la légende des « Dames de Pierre » liée à la formation du lac de Grand-Lieu.
Après avoir été ordonné prêtre, Martin s’éloigna de cette Bretagne où ses premiers travaux avaient été mêlés de consolations et d’amertumes, vers l’an 554. Il commença son nouvel apostolat par la Neustrie, à laquelle les Normands ne devaient donner leur nom que 3 siècles (en 911). De là il passa en Italie, poussant son pèlerinage jusqu’à Rome, où il vivifia sa foi aux tombeaux des saints Apôtres; après quoi il revient en Bretagne, passe en Angleterre, au retour de laquelle il s’arrête en Normandie, et enfin revient dans sa chère Bretagne, où de nouveaux labeurs devaient empreindre si profondes les marques de sa fervente charité.
Il se rendit ensuite au pays de Vertou, où il passa quelques années dans la solitude et la prière (selon la tradition, St Martin de Vertou se serait installé quelque temps dans un ermitage dans la forêt de « Du Men » (pierre noire en breton), près de Nantes consolé par ses pieuses relations avec un saint solitaire du voisinage, appelé Vivent. Là il se fit une cabane de branchages et s’apprêta à y braver les hivers. Sa vie y fut toute de mortification et de pénitence. Quelques fruits sauvages, quelques légumes cultivés de ses propres mains, et, quand la saison se refusait à ces frugales récoltes, des racines desséchées dont il avait fait sa provision, furent toute la nourriture qu’il se permit.
Averti par un ange, Martin quitta sa retraite et alla fonder un monastère en Bretagne, non loin de Nantes, au lieu appelé aujourd’hui Vertou (alors dans le forêt de Du Men), en souvenir de l’ermitage que le Saint avait précédemment habité. Là, ses travaux furent tellement bénis de Dieu, qu’il se vit bientôt à la tête de trois cents religieux. Bientôt, cependant, le monastère devint trop petit pour tant de disciples. Il fallut les disséminer, et plusieurs autres monastères, qui furent des dépendances et comme des prieurés de Vertou, s’établirent dans la Bretagne par les soins de Martin.
Martin était l’âme de sa vaste communauté; il était le premier à la psalmodie, au jeûne, à la prière, au silence. Au travail, surtout aux pratiques de la pénitence. Parmi ses miracles, on rapporte la résurrection de plusieurs morts. Martin, accompagné de quelques disciples, visitait souvent ses monastères et profitait de ces courses pour évangéliser les populations de la contrée, où sa mémoire est restée en vénération.
La légende dit que Saint Martin planta son bâton de pèlerin à l’emplacement de la cure actuelle de Vertou. Ce bâton prit racine, se ramifia et devint un arbre qui vécut plusieurs siècles. On a d’ailleurs choisi ce symbole pour les armes de Vertou. Saint-Martin mourut dans un monastère de Saint-Georges de Montaigu, le 24 octobre 601.
A la nouvelle de la mort du Saint, les moines de Vertou se rendirent au monastère de Saint-Georges, afin de ramener son corps dans la grande abbaye. Les religieux de Saint-Georges s’y étant opposés, ceux de Vertou enlevèrent secrètement le corps pendant la nuit, le transportèrent aussitôt à Vertou et le placèrent honorablement dans l’église de Saint-Jean-Baptiste. Selon l’usage du temps, ses précieux restes furent déposés dans un cercueil de pierre qui fut encastré, dans le pavé de cette église, et dont on voyait, naguère encore, le couvercle conservé avec soin sur le lieu même de sa sépulture, seul reste de ce mémorable monument échappé aux ravages des premières invasions, cette pierre continuait alors d’attirer la vénération publique.
La ville de Nantes fut mise à sac en 843 et les moines de Vertou prirent peur. Ils rassemblèrent leurs trésors : le corps de leur fondateur Saint-Martin, de nombreuses reliques qu’ils détenaient, de l’argent bien sûr, des manuscrits et ils mirent le tout dans des barques. Ils remontèrent le fleuve, puis le Thouet et se dirigèrent vers Ension, ancien nom de Saint-Jouin, (malgré de nombreuses péripéties, barques chavirées, naufrages…) Le corps de Saint-Martin de Vertou est déposé dans la crypte de l’abbatiale Saint-Jouin de Marnes, où repose déjà celui de Saint Jouin (Jovinus). , Saint-Jouin de Marnes se situe à 80 km de Niort, 45 km de Poitiers et 45 km de Saumur.
De nombreux monastères et églises portent ou ont porté le nom de Saint Martin de Vertou
Entre autres (non exhaustif)
Ambillou Chateau (Maine et Loire), ARZAL (Morbihan), Aubigné Racan (Sarthe), Beauvau (Maine et Loire), Bocé (Maine et Loire), Bondaroy (Loiret), Champteussé-sur-Baconne (Maine et Loire), Château-Thébaud (Loire Atlantique) église détruite, Châtillon-Sur-Indre (Indre), Chaudron en Mauges (Maine et Loire), Cré sur loir (Sarthe), Deux-Jumeaux (Calvados), Fontaine Guérin (Maine et Loire), Grez-Neuville (Maine et Loire), Île-d’Olonne (Vendée), La Pommeraye (Maine-et-Loire), Landivy (Mayenne), Le Lion d’Angers (Maine et Loire), Le Pertre (Ille et Vilaine), Les Cerqueux-sous-Passavant (Maine et Loire), Linières-Bouton (Maine et Loire), Lublé (Indre et Loire), Marzan (Morbihan), Montigné-Sur-Moine (Maine et Loire), Montmerrei (Orne) détruite par les normands , Neuvy-En-auges (Maine et Loire) , Parçay-les-Pins (Maine et Loire), Questembert (Morbihan) l’église actuelle est bâtie sur les ruines de l’église St Martin de Vertou, Saché (Indre et Loire), Saint-Georges-de-Montaigu (Vendée), Saint-Jouin De Marnes (Deux Sèvres), Sasnières (Loir et Cher), Soulaire-et-Bourg (Maine et Loire), Varennes sur Loire (Maine et Loire).
Sources :
Chanoine JARNOUX : VERTOU 15 siècles d’histoire
Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l’année,
www.infobretagne.com
www.cc-airvaudais.fr