Parcours d’un résistant déporté

En janvier 2020, j’ai vu un reportage dans lequel une femme expliquait avoir reçu le portefeuille de son grand-père, déporté en Allemagne pendant la guerre 39-45. Elle était très émue de retrouver dans ce portefeuille des photos anciennes et des documents qu’elle ne connaissait pas.
Le portefeuille provenait d’Arolsen Archives, un centre de documentation, situé en Allemagne, qui possède le fonds le plus complet au monde sur les victimes et les survivants des persécutions nazies.
Consultant alors le site internet d’Arolsen Archives je découvre qu’il est possible d’envoyer une demande pour des recherches sur une personne déportée dans les camps de concentration.

Le père de mon mari, Léon Le Plat, était soudeur aux Chantiers de La Loire à Nantes et faisait partie d’un réseau de résistance de FTPF (Francs Tireurs et Partisans Français), groupe des Chantiers de La Loire, dès juillet 1940.
Il participait au sabotage des navires de guerre allemands en réparation aux chantiers, à la récupération de matériels de guerre, d’explosifs et d’armes et à la distribution de tracts anti-allemands.

Il a été arrêté une première fois en novembre 1942 et relâché une semaine plus tard.
Suite à une dénonciation, il est à nouveau arrêté le 13 juillet 1943, avec 14 autres personnes, pour activités anti-allemandes.
Il est interné à la prison Lafayette à Nantes du 13 juillet au 13 septembre 1943, puis envoyé au Pré-Pigeon à Angers; il est ensuite transféré au camp de transit de Royallieu à Compiègne.
Jugé par le tribunal militaire allemand le 13 octobre 1943, il est condamné à la déportation.
Parti de Compiègne le 28 octobre 1943, son convoi arrive à Buchenwald le 29 octobre où il lui est attribué le matricule 30547.
Le camp de Buchenwald est situé en plein cœur de l’Allemagne dans la province de Thuringe, sur la colline de l’Ettersberg à proximité de la ville de Weimar.

La grille d’entrée du camp, « Jedem das Seine » : « A chacun son dû »

Il est affecté en kommando de travail à Weimar le 5 décembre 1944, à l’usine Gustloff qui fabrique des fusils et des caissons de munitions.

Il réussit à s’évader du convoi d’extermination le 28 avril 1945 et est libéré par l’avancée alliée le 30 avril 1945.

Les SS essayèrent d’évacuer le camp et firent partir 28 000 détenus sur les routes pour des marches de la mort. Environ 21 000 détenus restèrent au camp dont plus de 900 enfants

Au total, plus de 250 000 hommes furent détenus à Buchenwald entre 1937 et 1945 et plus de 56 000 d’entre eux y laissèrent la vie.

Léon Le Plat est revenu à Nantes le 24 mai 1945, à son arrivée, il ne pesait plus que 33 kg pour une taille de 1,55m . Il a été reconnu grand invalide de guerre.

Ces renseignements et documents proviennent du dossier de demande d’homologation de services de résistance et de déportation (considérés comme des périodes militaires) conservé au Service Historique de la Défense de Vincennes et du dossier de demande d’attribution du titre de déporté résistant conservé au Service Historique de la Défense de Caen, ainsi que du Comité départemental du souvenir des Fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la résistance en Loire-Inférieure.

Le 22 janvier 2020, j’envoie donc une demande à Arolsen Archives qui me précise que le délai de réponse peut atteindre plus de 10 mois, le centre reçoit plus de 25 000 demandes à caractère personnel par an, jusqu’à 500 par semaine, en provenance du monde entier et rédigées dans les langues les plus diverses, il faut donc être patient.
La réponse arrive le 25 août avec un fichier de 52 pages contenant des listes de détenus et des documents comme cette carte personnelle de prisonnier.
Beaucoup de documents en allemand, donc difficiles à déchiffrer avec mes connaissances très limitées dans cette langue, heureusement qu’il y a des sites de traduction sur internet !

Il parlait très peu de cette période et nous n’avions pas beaucoup d’informations, cette recherche nous a permis de découvrir cette partie de sa vie, de comprendre tout ce qu’il avait accompli, subi et combien cela devait lui être difficile d’en parler.

Selon son souhait, Il a été inhumé au cimetière de la Chauvinière, à Nantes, avec les victimes de la Seconde Guerre Mondiale.
Dans le cimetière, un monument constitué d’un bloc de granit dans lequel a été scellé un peu de terre prise à Buchenwald est inauguré en 1950.

Monique.


Arolsen Archives : https://arolsen-archives.org/fr/

Service Historique de la Défense : http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/

Comité départemental du souvenir des Fusillés de Châteaubriant et Nantes et de la résistance en Loire-Inférieure : https://resistance-44.fr/